Les Dévalideuses lancent une large enquête pour cartographier les violences vécues par les usagers des MDPH. Nous allons ainsi cibler les origines structurelles de ces violences. 

Les Maisons Départementales des Personnes Handicapées sont les organismes chargés « d’accueillir les personnes en situation de handicap et leurs familles et de les écouter afin de les guider dans la formulation de leur projet de vie et leur demande de compensation du handicap ». 

Concrètement, composées de médecins, ergothérapeutes, infirmiers, psychologues, travailleurs sociaux et autres professionnels de santé, ces structures sont des acteurs principaux dans nos vies handies. Elles dispensent des statuts et des allocations permettant le respect de notre droit à une vie digne et autonome  (Relire l’article sur la Vie Autonome comme projet politique) :

  • Le statut RQTH : Reconnaissance de Qualité de Travailleur Handicapé qui doit permettre de voir son poste adapté et d’ouvrir des droits de formation (entre autres).
  • L’AAH : Allocation Adulte Handicapé, qui permet la vie (la survie) des personnes qui la perçoivent. L’AAH a été récemment déconjugalisée, grâce aux luttes antivalidistes et féministes. Relire le Manifeste pour la déconjugalisation de l’AAH.
  • La PCH : Prestation Compensation du Handicap, qui permet de rembourser les frais engagés pour fonctionner dans une vie digne. Elle finance les aménagements ou les aides humaines, que ce soit nos proches aidants ou les personnes que nous employons pour vivre au quotidien.

Dans leurs fonctionnements (ou leurs dysfonctionnements), ces structures supposées nous permettre de vivre dignement peuvent nous faire vivre un enfer. Perte d’autonomie, mise en danger physique, précarisation, perte de logement, syndrome post traumatique dû au stress, à l’attente,… Autant de conséquences vécues qui reviennent dans les témoignages des personnes traitant avec les MDPH. 

C’est le cas de Charlotte Puiseux, qui met son récit en ligne sur les réseaux sociaux ; presque un an de souffrance pour faire simplement renouveler ses droits. Pendant 2 mois, elle s’est vue couper sa PCH pour payer ses 5 auxiliaires qui se relaient auprès d’elle 24h/24. Mais la MDPH a également tenté d’imposer la transformation de toutes les heures de son conjoint, alors uniquement salarié pour elle dans son équipe d’auxiliaires depuis des années, en aidant familial. Cette imposition impliquait non seulement une perte de salaire de plus de moitié pour son conjoint (et donc pour le foyer), mais était surtout un procédé totalement illégal que la MDPH a tenté de faire passer en toute impunité.

“Sans l’intervention de la juriste de l’AFM, (que j’ai sollicitée parce que je savais mes droits bafoués) et les filets de sécurité personnels de solidarité humaine et matérielle, qu’est ce qui me serait arrivé ? Aurait-on dû vendre la maison avec mon conjoint et mon enfant à très moyen terme ? J’aurais dû être hospitalisée pour survivre c’est certain.”

Il faut donc connaître ses droits et avoir un capital culturel et matériel suffisant pour simplement obtenir que ses droits soient appliqués.

La violence pour les personnes qui n’ont pas ces ressources est immense et profondément injuste. C’est littéralement leur vie qui est en jeu.

Cette mécanique est à l’inverse de la vie digne et autonome pour laquelle nous nous battons et à laquelle la MPDH est supposée participer. Sans compter que le fonctionnement de ces structures par département accroît certaines inégalités, mais les protège aussi d’une action collective nationale.

Nous sommes convaincues que les violences ne relèvent pas de faits divers ou de cas isolés. En identifiant les points communs de nos expériences, nous pourrons dénoncer et agir sur ces violences structurelles.

C’est pourquoi nous lançons une enquête pour cartographier les violences dans les pratiques des MDPH.

Vous avez vécu des délais abusifs, des remises en question de vos droits, des situations de précarité, des humiliations dans vos interactions avec les MDPH ? Cela impacte votre vie, réduit votre autonomie, aggrave votre état de santé, physique ou mental, dégrade vos relations ?

Témoignez et relayez le lien de l’enquête autour de vous !