[Cet article fait partie du projet « 31 bonnes résolutions anti-validistes » dévoilé en janvier 2020]

Plus encore que les personnes valides, les personnes handicapées (tout âge confondu) sont particulièrement victimes de violences et maltraitances, principalement infligées par l’entourage proche, et parfois même au sein des institutions censées prendre soin de ces personnes.

La maltraitance peut être physique, psychologique, financière, médicale ou sexuelle. Ça peut être un parent qui culpabilise et infantilise son ado handicapé. Ça peut être un conjoint qui abuse de sa compagne avec troubles psy, sachant qu’elle est financièrement dépendante de lui. Ou bien un.e aide soignant.e qui néglige son patient alité et le laisse dans des draps souillés parce que son service est en sous-effectif depuis des années.

Couvrant une diversité de situations, la maltraitance est souvent bien plus complexe à identifier que les cas de violence.

C’est simple, si on a quelques chiffres concernant les violences faites aux femmes handicapées, la maltraitance, elle, n’a jamais été clairement évaluée en France, que ce soit en milieu familial ou dans les institutions.

Le Sénat estime de son côté que le nombre extrêmement faible de signalements (à peine 209 en 2002) constitue le meilleur aveu de la sous-estimation, en France, de la maltraitance envers les personnes handicapées accueillies en institutions.

Même si nous luttons au quotidien pour combattre les stéréotypes et proposer une image forte des personnes handicapées, dans la réalité, nos faiblesses nous exposent davantage aux violences. Le handicap est d’ailleurs considéré comme un élément de vulnérabilité, d’un point de vue pénal.

Lorsque le handicap nous prive de notre liberté de mouvement, de notre aisance sociale, de notre indépendance financière, de notre autonomie, ou de notre capacité de raisonnement, nous ne pouvons lutter à armes égales contre les personnes qui nous maltraitent.

Et les femmes handicapées sont sans surprise les plus exposées. On estime qu’environ 80% d’entre elles subissent des violences ou maltraitances au cours de leur vie, contre 1/3 des femmes valides. Elles subissent donc une double peine.

Alors, comment aider les victimes à sortir du silence ?

Si c’est faisable sans mettre en danger la personne concernée, abordez le sujet avec elle. Demandez-lui si elle souhaite être aidée, si elle n’a pas déjà effectué des démarches de son côté. Mais souvent, parce qu’elles sont justement en situation de vulnérabilité, les victimes ne voudront pas « faire de vague » de peur d’aggraver leur cas. Parfois aussi, l’emprise psychologique sera telle qu’elles nieront en bloc.

C’est donc à vous que reviendra la responsabilité d’effectuer un signalement auprès des autorités compétentes.
Pour les maltraitances, vous pouvez joindre le numéro d’écoute national : le 39 77. Pour les violences conjugales, appelez le 39 19.

Si une femme victime est elle-même en mesure d’appeler, il existe aussi une ligne « Écoute violences femmes handicapées » (01 40 47 06 06) proposant une écoute adaptée à toute forme de handicap ou neuro-atypie, gérée par l’association @FDFA_Contact

En cas d’urgence, de maltraitance grave ou/et de danger imminent et manifeste, un signalement doit être fait sans plus tarder au Procureur, et aux services de police ou de gendarmerie.

Lorsque la maltraitance est le fait d’un professionnel travaillant dans un établissement ou service, il ne faut pas hésiter à contacter le ou la supérieur.e hiérarchique. Lorsque la personne est sous tutelle ou curatelle, la maltraitance peut être signalée à son tuteur / curateur qui pourra accompagner la personne dans ses démarches ou la représenter. Si la maltraitance est le fait du tuteur / curateur, le signalement doit se faire auprès des juges des tutelles ou au procureur de la République. (source : https://place-handicap.fr/en-cas-de-maltraitance)

 

Quelques sources pour aller plus loin :

Voir sur Twitter : Bonne résolution n°22 : Je signale les violences ou maltraitances sur personnes handicapées.

Télécharger le visuel de la bonne résolution n°22 (png) sous licence Creative Commons by-sa 2.0.