[Cet article fait partie du projet « 31 bonnes résolutions anti-validistes » dévoilé en janvier 2020]

– Dis-moi, tu as testé l’acupuncture pour tes douleurs ? Je connais un très bon praticien.

– Tu es toujours sous anti-dépresseur ? C’est pas naturel quand même, pourquoi tu n’essaies pas la sophrologie à la place ?

– Tu as lu cet article sur ce tout nouveau traitement au Japon ?

Ça part toujours d’un bon sentiment et d’une envie d’aider, mais oui, on a déjà essayé le yoga, les huiles essentielles, et les infusions de sauge. Souvent, les personnes handicapées ont déjà testé à peu près tout ce qui pouvait être susceptible de les soulager ou de les guérir.

Il ne s’agit pas ici de lancer un débat sur les éventuelles vertus positives des thérapies alternatives ou médecines douces, qui, bien que scientifiquement controversées, peuvent parfois procurer un bien-être appréciable. Placebo ou pas, si ça fonctionne pour vous, tant mieux.

Il s’agit de pointer la capacité qu’ont les gens de vouloir à tout prix proposer ces thérapies alternatives aux personnes handicapées ou malades chroniques, avec pour seule base « scientifique » leur propre opinion sur la question.

De manière générale, évitez les conseils non sollicités sur le parcours médical, le diagnostic ou le traitement des personnes handicapées, et ce même si vous pensez connaître un peu leur parcours ou leur vécu. Ces conseils répétés peuvent être particulièrement difficiles à vivre. D’autant que les vécus diffèrent. Certains malades avec des douleurs chroniques voudront essayer toutes les astuces existantes, du régime sans gluten à la microkiné. D’autres considérerons que la maladie prend déjà trop de place dans leur vie sans lui en consacrer encore plus.

Dans tous les cas, respectez ce choix. C’est leur corps, et leur handicap ou maladie.

De surcroît, déconseiller de prendre un médicament prescrit ou en cours d’utilisation peut être dangereux. Les psychotropes et antalgiques notamment ne peuvent être interrompus sans avis médical. Inutile aussi de nous suggérer de demander tel traitement révolutionnaire à notre médecin référent, ce dernier est généralement bien au courant de la pharmacopée existante et sait gérer les potentielles interactions médicamenteuses, effets secondaires, etc.

Rappel utile : s’il existait véritablement un traitement révolutionnaire, une plante magique ou une recette de grand-mère pour traiter ce que nous avons, tout le monde l’utiliserait ! La médecine est une chose complexe, et le suivi pluri-disciplinaire des personnes handicapées se compose au fil des années grâce à une connaissance pointue de la personne, de son historique et de ses particularités.

Si vous souhaitez vraiment vous impliquer dans nos traitements, peut-être pouvez-vous plutôt nous soutenir dans leur bonne prise, nous accompagner aux rendez-vous, nous aider à supporter les effets secondaires ? Ou simplement être présent·e pour nous, et nous écouter.

 

Quelques sources pour aller plus loin :

Voir sur Twitter : Bonne résolution n°13 : Je m’abstiens de suggérer des thérapies alternatives.

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