[Cet article fait partie du projet « 31 bonnes résolutions anti-validistes » dévoilé en janvier 2020]

Quand on parle travail et handicap, l’idée reçue la plus fréquente est que confier un emploi à une personne handicapée, ça serait un peu lui faire une faveur. Quasiment même un acte de charité, puisque l’employeur embauche quelqu’un dont la force de travail est supposée plus faible que celle d’une personne valide.

De fait, lorsque nous arrivons à décrocher un emploi, il n’est pas rare d’entendre « Oh tu as un travail, c’est bien ça t’occupe, te fait sortir de chez toi ! ». Comme si ce n’était pas un gagne-pain, mais juste un agréable loisir, un remède contre la vacuité de nos existences.

Il paraît donc nécessaire de souligner que le travail des personnes handicapées n’est ni un passe-temps, ni une faveur. Notre réalité est toute autre.

Déjà, nos vies sont dirigées par les mêmes contraintes de base que le reste du genre humain. Nous loger, nous nourrir et régler nos factures constituent des impératifs dont nous ne sommes pas exemptés. Les aides financières pour les personnes handicapées étant à la fois difficiles à obtenir et trop faibles pour vivre dignement, le travail est pour beaucoup d’entre nous une vraie nécessité.

D’autant que nos handicaps sont généralement source de frais supplémentaires (matériel ou appareillage coûteux, médications, aménagement de notre lieux de vie, frais liés à l’accompagnement, etc.) Par ailleurs, même si nous avons la chance de trouver un travail à la hauteur de nos attentes, nos vies restent particulièrement chargées. Pour certains, la gestion du handicap est presque un travail à temps plein : gérer les crises, les douleurs, les rendez-vous de santé, etc. Sans compter le temps consacré à nos familles, nos amis, nos VRAIS loisirs, et toutes les contraintes normales d’une vie d’adulte.

Et si nous arrivons à trouver le temps et l’énergie de chercher un travail, nous nous confrontons à de nouvelles difficultés.

D’abord, toute personne handicapée n’est pas forcement reconnue travailleur handicapé. L’obtention de ce statut est une démarche qui doit être réalisée par la personne concernée, qui n’est pas obligée de le préciser lors d’un entretien d’embauche. Certain·e·s préfèrent ne jamais entreprendre cette démarche car cela constitue un frein psychologique. Les entreprises préfèrent généralement employer des personnes avec des handicaps « légers » pour remplir le quota tout en employant des personnes les plus corvéables possible.

Les personnes handicapées sont souvent mal informées de leurs droits, et les entreprises trop peu au fait de leurs devoirs. Et quand une personne handicapée arrive à s’insérer dans le monde professionnel, il lui reste encore des barrières à faire tomber. Le manque d’information et les préjugés liés au handicap tendent à créer clivages et incompréhensions entre employés valides et handicapés.

Un ou une collègue handicapée aura ses particularités propres, mais si cette personne est là, c’est qu’elle est en capacité de travailler. Et si elle rencontre des difficultés, il serait intéressant de se poser certaines questions. L’équipe a-t-elle été informée sur le handicap ? Les moyens de communication au sein de l’équipe sont-ils adéquats ? Le poste de travail est-il assez adapté ? L’emploi du temps a-t-il été aménagé pour compenser la fatigabilité ou les autres contraintes ? Le télétravail est-il envisageable ?

Le monde du travail reste encore largement à conquérir, et nous met de sacrés bâtons dans les roues (lol). Alors non, vraiment, travailler n’est pas un cadeau, mais comme pour vous c’est une nécessité.

 

Quelques sources pour aller plus loin :

Voir sur Twitter : Bonne résolution n°19 : Je comprends que le travail des personnes handis n’est pas un passe-temps.

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