[Cet article fait partie du projet « 31 bonnes résolutions anti-validistes » dévoilé en janvier 2020]

Si vous avez vu la série « Special » sur Netflix, vous avez probablement assisté à une scène absolument unique en son genre : la représentation réaliste, sans filtre ni pathos, d’un rapport sexuel entre une personne handicapée et une autre valide, et de surcroît entre deux hommes ! Et oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, les personnes handicapées peuvent avoir une vie sexuelle ! Mais alors comment ils font ?! On vous arrête là, on est pas là pour vous donner un mode d’emploi : nos intimités ne sont ni un spectacle ni un sujet de débat.

La plupart du temps, surtout si on est physiquement handicapé·e, on va d’abord nous asexualiser : nous sommes considérés sans désirs, et même indésirables, donc sans possibilité de vie sexuelle. Et même souvent sans genre, pas vraiment hommes, pas vraiment femmes. Ça va de pair avec l’infantilisation que l’on subit : puisqu’on s’adresse déjà à nous comme à des enfants, comment seulement imaginer qu’on soit dotés d’une libido ? A l’extrême inverse, on nous fétichisera, c’est-à-dire qu’on fantasmera sur nos particularités. Ou bien on nous considérera en grande demande sexuelle, à cause d’une supposée frustration ou d’une maladie psychique qui nous désinhiberait.

En vrai, nous vivons nos sexualités comme vous. Nos désirs, nos pratiques ou nos fantasmes sont communs aux personnes valides. Nous pouvons aussi ne pas vouloir de vie sexuelle, ou être asexuels, sans que cela ait de rapport avec notre handicap ! Bien sûr, selon le type de handicap ou maladie, nous pouvons rencontrer des contraintes. Parfois notre corps ne va pas réagir exactement comme nous aimerions, ou la douleur nous empêchera de faire certaines choses. Parfois, les médicaments que nous prenons endorment notre libido.

D’ailleurs, les concepteurs commencent à se pencher sur le sujet et à créer des sextoys et aides sexuelles adaptés. Car oui, si notre sexualité est assez semblable à la vôtre, certaines douleurs ou faiblesses peuvent nécessiter des adaptations particulières.

« La sexualité des personnes handicapées » (comme s’il n’y en avait qu’une !) est un sujet qui embarrasse autant qu’il fascine les personnes valides. Entre gêne et excitation, elles se montrent particulièrement intéressées par le sujet de l’assistance sexuelle. Beaucoup plus que nous, car ce concept validiste et problématique à plus d’un titre ne correspond souvent pas à nos réelles aspirations !

Nous ne voulons plus être des cas à part. Nous voulons simplement accéder aux lieux de rencontres ou pratiques, et un accès facile et sans jugement à l’éducation sexuelle et à la contraception. Pour vivre nos sexualités dans la même diversité et complexité que les vôtres.

 

Quelques ressources pour aller plus loin :

Télécharger le visuel de la bonne résolution n°18 (png) sous licence Creative Commons by-sa 2.0.

Voir le thread sur Twitter : J’arrête le validisme : Bonne résolution n°18 !