[Cet article fait partie du projet « 31 bonnes résolutions anti-validistes » dévoilé en janvier 2020]

Quand les Américains prennent systématiquement les gens dans leurs bras dans de grandes effusions, en France le contact physique avec des inconnus ne fait vraiment pas partie de notre culture. Quelqu’un s’assoit à côté de vous, votre voisine se tient trop près de votre visage pour vous parler, un collègue vous fait la bise : vous vous crispez. 😬

Mais dans certaines situations, cette barrière semble disparaître, et l’on se sent soudainement autorisé·e à poser la main sur le ventre d’une femme enceinte, toucher les cheveux naturels d’une personne racisée, caresser la joue d’un enfant… ou d’une personne en fauteuil !

Et oui, cette situation nous arrive plus souvent que vous ne croyez ! Quand on est handicapé·e, il n’est pas rare de subir des caresses non sollicitées sur la joue, les cheveux, les bras, ou des gestes qui se veulent protecteurs (bras passé autour des épaules, etc.)

Comme souvent, ces gestes sont censés nous soutenir, mais produisent l’effet inverse.

Car derrière cette démarche transparaît un sentiment bien moins flatteur : la pitié. Et même si nous mettons de côté la pitié, ces gestes bien-intentionnés nous infantilisent, et nous dépossèdent de nos corps.

Parce que, avouez-le, la dernière fois qu’un adulte vous a gentiment pincé la joue, vous ne deviez pas avoir plus de 5 ou 6 ans… Et vous n’aimiez probablement pas ça !

Sans compter que souvent, ces gestes s’accompagnent d’une attitude générale : vous allez vous pencher en avant pour nous parler, incliner la tête sur le côté, prendre une intonation plus aiguë, utiliser des mots plus simples… Comme si vous étiez avec un enfant !

Cette attitude est généralement inconsciente, mais pour nous, cela revient au même ! Questionnez-vous un instant. Pourquoi changer d’attitude face à une personne en fauteuil roulant, ou une personne avec un handicap mental ?

Pensez-vous que nous sommes moins aboutis, moins solides qu’un adulte valide ?
Est-ce notre physique, notre apparente fragilité qui vous pousse à cet instinct parental, à cette envie de nous cajoler et de nous protéger ?

On constate la même infantilisation avec les personnes âgées. On dit souvent qu’elles retombent en enfance, mais est-ce qu’on ne les y pousse pas, pour rejeter l’idée de notre propre déliquescence ?

Nous n’avons pas de réponse toute prête à apporter. Nous ne pouvons que vous rappeler que nous tenons, tout comme vous, au respect de notre espace personnel.
Certaines personnes avec handicaps ou troubles psy vivront même particulièrement mal ces intrusions dans leur espace.

De la même façon qu’on ne force pas un enfant à faire un bisou, on ne touche personne sans son consentement, avec ou sans handicap ! Merci !

 

Quelques ressources pour aller plus loin :

Voir sur Twitter : Bonne résolution n°21 : Je respecte l’espace personnel des personnes handicapées.

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