Le 20 juin 2021, la Marche des Fiertés anti-raciste et anti-capitaliste réunissait plus de 30 000 participant·e·s partageant la volonté de repolitiser nos fiertés. Nous, personnes LGBTQIA+ et racisées, appelons nos adelphes et nos allié·e·s à nous rejoindre le 19 juin prochain pour une Marche des Fiertés anti-raciste et anti-impérialiste pour les droits des personnes migrantes.
Dans un contexte de conflits internationaux et de renforcement des frontières meurtrières, nous réaffirmons notre soutien envers les personnes migrantes du monde entier. Les mesures prises par la France pour faciliter l’accès aux droits et à la santé des ukrainien·ne·s montrent que l’accueil est une question de volonté politique. Cette dernière ne peut dépendre de la nationalité ou de la couleur de peau des personnes. Pourtant, les politiques migratoires racistes de l’Union européenne et de la France mutilent, précarisent et tuent. Frontex, l’agence européenne des gardes-frontières, empêche les personnes d’arriver en Europe, en utilisant des techniques assassines, au mépris des droits humains et du principe de non-refoulement. Plus que jamais, l’Europe doit garantir l’accueil de toustes celleux qui fuient des situations de guerre, de dictatures, de discriminations ou de pauvreté, mais aussi des personnes qui souffrent d’inégalités environnementales.
Notre Marche des Fiertés est anti-impérialiste. Nous ne pardonnons pas les choix meurtriers de l’Etat français. La gestion coloniale des territoires d’Outre mer est indéniable quand le pouvoir s’avère incapable de fournir des bouteilles d’oxygène aux hôpitaux pendant plusieurs semaines lors de la crise sanitaire mais n’hésite pas à déployer le GIGN en moins de 48h pour réprimer les manifestant·e·s en Guadeloupe. La domination impérialiste de la France s’incarne également dans des formes plus indirectes, néanmoins mortifères. Nous vomissons le soutien de la France aux régimes dictatoriaux dans des pays africains, notamment ceux du Sénégal, du Tchad et du Cameroun. La politique coloniale et impérialiste de l’Etat français à l’étranger alimente l’instabilité de ces pays au profit des intérêts économiques de la France tandis que les personnes qui veulent rejoindre l’Europe pour fuir ces régimes subissent les frontières meurtrières, physiques, politiques, et administratives.
Notre Marche des Fiertés est anti-raciste. La banalisation des idées et politiques d’extrême droite imprègne toutes les strates de notre société. Alors que Macron vient d’être réélu, nous n’oublions ni les discriminations qui frappent au quotidien nos adelphes de confession musulmane ou Rroms, ni les conséquences de la colonisation française et les stéréotypes qui collent encore à la peau de nos adelphes noir·e·s et nord-africain·e·s. Nous dénonçons l’escalade de la violence raciste à l’encontre de nos adelphes d’origines asiatiques et juives. Les politiques fascisantes donnent un sentiment d’impunité aux groupes fascistes qui persécutent nos communautés. Face à la répression des personnes musulmanes, migrantes, racisées et queers, nous appelons à une riposte anti-fasciste.
Contre l’instrumentalisation des luttes féministes et LGBTQIA+ à des fins racistes, nous revendiquons un militantisme LGBTQIA+, queer, féministe, anti-raciste, anti-impérialiste, anti-validiste et anti-capitaliste. Nous sommes à la marge d’un système qui opprime les personnes handis, séropos, travailleur·se·s du sexe, grosses, LGBTQIA+, racisées et migrantes.
Notre ennemi est le pouvoir patriarcal, impérialiste, (néo-)colonial et bourgeois, ainsi que toustes ses défenseur·se·s.
Face à eux, nous revendiquons :
- La liberté de circulation et d’installation, la régularisation de toutes les personnes sans-papiers, la fermeture des centres de rétention administrative (CRA) et des zones d’attente.
- L’ouverture de voies migratoires sûres pour que plus une personne ne meure lors de la traversée pour arriver en France.
- La reconnaissance du statut de réfugié·e à toutes les personnes demandant l’asile, y compris les personnes LGBTQIA+.
- Un égal accès de toustes, étrangèr·e·s ou non, aux droits sociaux.
- La création du statut de réfugié·e climatique et la prise en compte des inégalités environnementales comme critère d’accès au statut de réfugié·e.
- L’arrêt du véritable business capitaliste qu’opèrent les laboratoires et entreprises de santé françaises et européennes en Afrique en commerçant avec notre santé au nom de la lutte contre le VIH/SIDA et un accompagnement global et immédiat pour les personnes migrantes vivant avec le VIH et/ou des hépatites.
- La reconnaissance des crimes coloniaux par des réparations financières et des déclarations publiques dans les territoires d’outre-mer et anciennes zones d’influence coloniale française.
- L’abrogation des lois et projets de lois racistes, antitziganes, islamophobes et misogynes qui contrôlent nos corps et nos vies.
- La fin des conditions de vie insalubres et inhumaines imposées aux populations Roms.
- La suppression des mesures sécuritaires racistes tels que les dispositifs de surveillance excessifs, le fichage S, les comparutions immédiates, et les gardes à vue de mineur·e·s.
- L’accès de toustes à la prévention et aux soins de santé, au logement et à l’éducation, en priorisant les personnes les plus marginalisées et en supprimant les délais de carence pour obtenir une couverture sociale.
- L’arrêt de l’exclusion des personnes vivant avec le VIH, notamment des personnes LGBTQIA+, migrantes, travailleur·se·s du sexe et usagères de drogues par les politiques publiques, les relations sociales et du travail. Celles-ci ne devraient pas avoir à justifier de leur statut sérologique, d’autant plus quand on sait que le traitement rend le virus indétectable et intransmissible.
- Une transparence dans les critères de reconnaissance du statut d’invalidité et des aides associées pour prévenir les biais racistes actuellement en cours, ainsi que la formation de professionnels de santé à ces biais.
- L’abolition du système psychiatrique actuel, basé sur la coercition et le contrôle des comportements des personnes fol·le·s. La fin de la ségrégation sociale des adultes et des enfants handis en institutions.
- La dépsychiatrisation totale des identités LGBTQIA+ pour qu’aucune validation médicale ou judiciaire ne soit nécessaire pour avoir accès à des dispositifs administratifs, sociaux ou de santé.
- La décriminalisation du travail du sexe par le retrait des lois entravant son exercice et la solidarité communautaire.
- Le renforcement des politiques de réduction des risques et de prévention, ainsi que des dispositifs d’accompagnement des personnes séropositives, qui soient adaptés à tous les modes de vie.
- La fin de la stigmatisation des élèves LGBTQIA+, racisé·e·s, handis et/ou issu·e·s de quartiers populaires au profit d’une inclusion et d’une protection active de toustes notamment via le financement et la formation du personnel encadrant.
- L’accès à la PMA pour toustes, par l’adoption d’une loi non raciste, non validiste et non transphobe.
Signataires et soutiens :
- 1001 Lesbiennes et Queer
- Acceptess-T
- Association ANKH
- Association pour la Visibilité Asexuelle (AVA)
- BAAM
- Batucada RalZes Arrechas
- Bureau d’Accompagnement et d’Accueil des Migrants (BAAM)
- CLE Autistes – Ile-de-France
- Collages Judéistes Queer
- Collectif Doulas Radicales
- Collectif Orta Sekerli
- Collectif WANA
- Collectif Wietnam Dioxine
- Concorde TDAH et Compagnie
- Décolonisons Le Féminisme (DLF)
- Diivineslgbtqi+
- FièRes
- FLIRT
- Front de Libération Transfem (FLIRT)
- Goudou·e·s Sur Roues
- Le Castor Magazine
- Les Dévalideuses
- Maison Chéri·e
- Maricolandia
- Militant·e·s pour l’Interdiction des Frontières (MIF)
- Nos Voix Trans
- Nta Rajel?
- Paris Queer Antifa (PQA)
- Poison
- Queer Éducation
- Queer Racisé·e·s Autonomes (QRA)
- Saint-Denis Ville au Coeur (SDVOC)
- Sorore Ensemble
- Sous les Shorts des Filles
- STRASS
- Sud Éducation 93
- Voix Déterres
- YFC – Paris – IDF
- XY Media
- Zéro Chlordécone Zéro