Depuis février 2024, les salariéEs de l’entreprise d’aide à la personne ONELA sont en grève. Ils et elles dénoncent des conditions de travail déplorables, racontent la présence de rats et de plafonds qui tombent sur les salariéEs. Pourtant ce sont des emplois dits essentiels, des emplois du prendre soin. 

“Nous 7 salarié.es de l’entreprise de service à la personne ONELA, sommes en grève pour dénoncer les conditions de travail indignes auxquelles nous sommes confronté.es, non seulement au sein de la cellule d’astreinte d’ONELA, mais aussi et surtout dans l’ensemble du secteur de l’aide à la personne. Pourtant applaudi.es pendant la crise sanitaire, nous sommes redevenu.es des travailleurEuses invisibles et méprisé.es et l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir n’augure rien de bon en ce sens.” – réseaux sociaux – @mouvementgreviste

La mission du centre d’astreinte d’où est partie la grève est d’apporter une aide par téléphone les soirs, les week-end et les jours fériés, aux personnes âgées et handicapées et aux auxiliaires de vies pour assurer la bonne réalisation des soins, organiser les remplacements de dernière minute, soutenir les auxiliaires dans des situations qu’elles n’ont jamais vécu… 

Ils et elles revendiquent de meilleures conditions de travail, un salaire décent, et du respect de la part de leur employeur qui a eu des positions racistes récemment dans les médias. Leurs requêtes n’ont pas été entendues, l’employeur a proposé une augmentation de 0,13 euros brut. [1]Après deux mois de grève, les agents d’astreinte des auxiliaires de vie d’ONELA déterminées à poursuivre la lutte

La lutte pour revaloriser les fonctions du soin est une lutte anti validiste antiraciste, féministe.

Il y a énormément de femmes racisées dans les emplois d’aide à la personne. Ce sont des emplois précaires, avec de mauvaises conditions de travail. Dans un contexte de marché du travail violent et discriminant, spécialement envers les femmes racisées, le rapport de force pour exiger une amélioration des conditions de travail est difficile à mettre en œuvre. 

Ces emplois du prendre soin pèsent sur les corps. Les risques musculo-squelettiques des emplois de ménage, d’auxiliaire de vie, d’aide à la personne au sens large sont des emplois handicapants. Ils produisent des douleurs chroniques, des souffrances, et du handicap. En ce sens, ils doivent être absolument revalorisés, mieux rémunérés, mieux répartis dans la société. 

La Vie Autonome et la désinstitutionnalisation sont des projets politiques au cœur des luttes anti validistes. Selon les directives, la désinstitutionalisation doit viser à restaurer (redonner) l’autonomie, le choix et le contrôle aux personnes handicapées, afin qu’elles puissent décider comment, où et avec qui elles souhaitent vivre. Il est important que les personnes chargées de la gestion des institutions ne soient pas invitées à diriger le processus de désinstitutionalisation.

La désinstitutionalisation n’est pas possible sans le développement d’aides et de services de proximité qui permettent aux personnes handicapées de vivre de manière autonome et d’être intégrées dans la communauté. La désinstitutionalisation vise également à prévenir toute future institutionnalisation, en veillant à ce que les enfants puissent grandir avec leur famille, leurs voisines et leurs amies au sein de la communauté, au lieu d’être isolés dans des établissements.

La lutte des salariéEs en grève de ONELA dépasse largement la lutte au sein de l’entreprise.  

Carmen Diop, Doctorante en science de l’éducation, elle étudie la subjectivité et les trajectoires de femmes noires au travail :

« Le travail c’est le lieu ou on construit son identité, sa santé mentale. Or le marché du travail est structuré par des divisions de genre, de sexe, de race de classe, d’origine, d’apparence sociale, d’âge, de handicap. Les femmes noires cumulent des désavantages. Le déni de la reconnaissance repose sur les inégalités sociales et sur la domination culture. Le racisme peut prendre des formes extrêmes de violences ou des formes plus « douces » comme le débat médiatique, l’isolement, les moqueries. Le racisme est très difficile à identifier. Et quand les micro agressions sont prises isolément on peut dire que ce n’est rien. L’accumulation de ces agressions constitue un traumatisme sociaux et émotionnel qui constitue un fardeau dont il est impossible de se défaire. Le racisme ordinaire (refus à répétition, humiliations fondées sur la culture, la couleur de peau) est un risque pour la santé physique et psychologique de l’individu. »[2]Konbit Afrofem #6 Femmes noires au travail, entre isolement et émancipation collective : perspectives (post)coloniales par Carmen Diop et Rose Ndengue 

Quatre façons de soutenir la lutte des gréviste de Onéla :