Témoignage de Lydie Raër
Si je ne peux pas danser, je ne veux pas prendre part à votre révolution” – Emma Goldman.
-> Version antivalidiste proposée par Rizzo Boring : “Si je ne peux pas m’asseoir, je ne veux pas prendre part à votre révolution.
Beaucoup de relations se nouent dans les milieux militants. Militer c’est certes, servir une ou plusieurs causes que l’on embrasse, mais c’est également intégrer une famille militante, se créer un cercle amical. CertainEs y rencontrent également des amoureuSESx.
En tant que personnes minorisées, voire poly-minorisées, nous avons besoin de care (du vrai care, pas de la parlote !), de lutter dans la joie pour supporter le validisme systémique, qui peuvent se conjuguer avec d’autres violences (racistes, LGBTI+phobes, classistes, grossophobes…).
Rédiger des communiqués de presse, organiser des actions de désobéissance civile, proposer des formations à destination d’autres collectifs féministes, queers, antiracistes, écologistes, c’est bien. Le faire dans la joie militante, c’est mieux. Sans se sentir excluEs, c’est encore mieux.
La frontière entre la sphère militante et la vie personnelle est ténue.
En effet, à partir de quand basculons-nous dans la sphère privée ? Est-ce lorsque l’on s’installe dans un bar pour prendre un apéro post-manif ? Est-ce lorsque l’on se retrouve à faire la fermeture d’un restaurant en dansant après la tenue d’un marché de Noël lesbien ?
Et quid des boucles WhatsApp, Signal, Telegram où les discussions militantes deviennent des échanges amicaux, qui amènent, par exemple, la création d’un groupe escalade ou d’un club de lecture ?
Dans ces moments qualifiés de “non militants” les comportements validistes devraient tolérés à nouveau ?
Les activistes handicapéEs veulent aussi prendre part à la fête !
Nous aussi, on veut devenir vos amiEs et vos amantEs !
Nous aussi, on veut crier dans un mégaphone !
Nous aussi, on veut picoler (ou boire des softs !) !
Nous aussi, on veut danser et chanter (faux) !
Nous aussi, on veut vivre des moments communautaires doux et calmes en buvant des tisanes.
Nous aussi, on veut être de la partie lorsque vous vous invitez les unEs chez les autres. Pour information, si votre appartement n’est pas accessible aux personnes sur roulettes, il suffit de trouver un lieu accessible. Par ailleurs, n’hésitez pas à demander à votre pote handiE que la soirée se tienne chez ellui (iel préféra cela à l’exclusion !).
Bref, être intersectionnelLEs, ce n’est pas que de la performance. La manière dont vous vous comportez dans votre sphère “privée” est aussi politique.



