Photo : BAIE DE VINCENNES, ANTARCTIQUE – 11 JANVIER : Des icebergs tabulaires géants sont entourés de morceaux de banquise à la dérive dans la Baie de Vincennes le 11 janvier 2008, dans le Territoire Antarctique Australien. L’unité de recherche atmosphérique australienne CSIRO[1]CSIRO : “Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation”, Organisation de Recherche Scientifique et Industrielle du Commonwealth. a découvert que notre planète se réchauffe plus rapidement que ce qui est prévu par les comités pilotant la recherche sur la question du changement climatique aux Nations Unies. Les émissions nocives dépassent les estimations les plus catastrophiques.

Écrit par Gus Alexiou, contributeur pour Forbes. J’écris sur l’accessibilité, l’inclusion et la justice sociale. Publié le 25 novembre 2021, à 07:00 EST.

Article original en anglais.

Traduit au féminin générique par ClemZ pour les Dévalideuses.

 

Quand on pense aux menaces posées par l’actuelle crise climatique, les personnes handicapées sont dans une position particulièrement vulnérable.

Avant tout, soyons claires : le changement climatique affecte tout le monde sur la planète, quel que soit leur âge, leur genre ou leur statut économique.

Cependant, les personnes handicapées sont particulièrement vulnérables aux ravages du changement climatique pour de multiples raisons, telles qu’un potentiel mauvais état de santé et des capacités physiques réduites, le fait d’être oubliées par les autorités politiques et une plus grande probabilité de faire partie des groupes socio-économiques les plus défavorisés.

Cela pourrait finir par se manifester de différentes façons. Les personnes rendues plus sensibles à la chaleur du fait d’une maladie vont avoir de plus en plus de mal à gérer les températures estivales en hausse à cause du réchauffement climatique, comme dans le Nord-Ouest Pacifique [des États-Unis] en juin 2021.

Les personnes ayant des difficultés respiratoires sont parmi les plus impactées par la pollution de l’air, tandis que celles ayant des troubles de la mobilité vont faire face à d’énormes difficultés lors des évacuations liées aux  crues subites ou à la propagation de feux de forêt.

En ce qui concerne les coupures d’électricité, certaines personnes handicapées ne pourront plus charger leurs fauteuils électriques et scooters d’aide à la mobilité. Ces coupures électriques pourraient être une question de vie ou de mort pour celles qui utilisent des équipements médicaux tels que des respirateurs électriques.

Ces impacts seront certainement d’autant plus marqués dans les pays sous-développés ou en voie de développement où la salinisation des sols causée par la montée du niveau des océans peut affecter les réserves d’eau douce et la sécurité alimentaire de façon générale.

Exclues du développement durable

Les personnes handicapées composent 15 à 20% de la population mondiale et elles sont des actrices cruciales du combat contre les défis du changement climatique.

Il est donc d’autant plus décevant d’apprendre qu’à cause d’un environnement et de politiques sociales non-inclusives, les personnes handicapées sont souvent empêchées de faire leur part en tant que citoyennes globales pour faire face à cette crise.

Ces problématiques ont récemment été soulignées dans des recherches menées par l’association caritative RIDC[2]Research Institute for Disabled Consumers : Institut de Recherche pour les Consommateurs Handicapés. basée au Royaume-Uni. Cette association soutient le gouvernement et les entreprises qui souhaitent obtenir des connaissances et des données quantitatives et qualitatives sur les expériences quotidiennes des personnes handicapées dans tout le pays.

L’étude du RIDC a pris en compte les réponses de 485 personnes handicapées et a montré qu’alors que 97% des personnes handicapées et des personnes âgées sont inquiètes concernant l’environnement, elles continuent à rencontrer des obstacles quand elles souhaitent faire des choix plus durables en matière de transport, de consommation, de recyclage et de consommation électrique.

L’un des problèmes majeurs identifiés est le manque de transports publics accessibles et fiables qui permettraient de réduire l’usage de véhicules particuliers.

Parmi les personnes interrogées, 6 sur 10 (57%) ont dit ne pas utiliser plus souvent les transports en commun parce que ceux-ci ne sont pas assez accessibles. Parmi les solutions évoquées, des gares sans marches, la présence d’équipes d’assistance ou des bus avec des annonces audio des arrêts.

De plus, si elles souhaitent conduire des véhicules électriques plus écologiques, les personnes handicapées sont confrontées à un manque de points de charge accessibles, ce qui constitue un obstacle majeur.

Même dans leurs logements, 17% des personnes interrogées disent ne pas pouvoir contribuer autant qu’elles le veulent aux pratiques écologiques.

Parmi les raisons évoquées, peu ou pas d’informations de recyclage sur les emballages pour les personnes malvoyantes, le besoin d’utiliser des ingrédients déjà préparés pour celles ayant des difficultés pour couper la nourriture ou la présence de plastiques non-réutilisables dans les équipements médicaux et les médicaments.

Il est nécessaire que des alternatives plus vertes et abordables quant à l’électricité domestique dans les logements soient proposées, ce qui pourrait impacter en particulier les personnes avec des revenus faibles, ou encore que les pratiques de recyclage soient plus claires et que des étiquettes en braille soient fournies sur les conteneurs.

Le dirigeant du RIDC, Gordon McCullough, a commenté les résultats de ces recherches : “Nous savons que les personnes handicapées veulent contribuer au combat contre le changement climatique, mais loin d’y être incluses, elles sont encore plus marginalisées et n’ont pas accès à des pratiques, des infrastructures et des produits plus durables.”

“Même à la COP26, une personne handicapées a été exclue du fait du manque de considération pour ses besoins. Si le gouvernement du Royaume-Uni est réellement sérieux sur sa volonté de réduire notre impact sur l’environnement, nous devons nous assurer que toutes les citoyennes puissent prendre part à des pratiques plus durables.”

“Rien sur nous, sans nous”

Quand il s’agit de donner la possibilité aux personnes handicapées de se joindre aux efforts globaux pour lutter contre la crise climatique, le bon vieux mantra de la lutte pour les droits des personnes handicapées “Rien sur nous, sans nous”, apparaît particulièrement approprié.

Les gouvernements du monde entier doivent en faire plus pour s’assurer que les besoins des personnes handicapées sont pris en compte à la fois dans le cadre de la promotion de pratiques plus durables, mais aussi dans la préparation des évacuations face aux catastrophes naturelles.

Il est aussi crucial que les fameux “emplois verts” du futur soient ouverts et accessibles à la communauté handie. Le fait qu’ils puissent représenter une sorte de table rase en matière de planification et de conception devrait contribuer à faire de cette accessibilité une réalité

D’autre part, on peut espérer que les leçons données par la pandémie de Covid-19 ont été assimilées, et que tous types de personnes, y compris handicapées, vont pouvoir profiter de nouvelles opportunités de travail en distanciel dans le futur.

Cela devrait réduire la pression sur les infrastructures de transport urbain.

Quand on y réfléchit, les personnes handicapées sont tout à fait à leur place comme fers de lance du combat contre le changement climatique.

Cela fait des décennies que cette communauté fait campagne pour des transports publics accessibles et le droit de travailler depuis chez soi.

Dans une interview donnée pour la dernière édition du Stanford Social Innovation Review[3]Revue d’Innovation Sociale de Stanford., Daphne Frias, une jeune militante travaillant à la conjonction des droits pour les personnes handicapées et de la justice climatique, a expliqué cela avec éloquence :

“La lutte pour les droits des personnes handicapées et la crise climatique sont liées parce que les handies font partie des personnes les plus vulnérables de notre société et sont souvent les plus affectées par ses conséquences. La crise climatique peut paraître une problématique invisible, les personnes handicapées peuvent aussi se sentir invisibilisées. Nous nous attaquons à deux problèmes en essayant de montrer aux gens la réalité de la crise climatique et la réalité des difficultés auxquelles font face les personnes handicapées. Il est nécessaire que les gens s’en rendent compte et y croient.

Elle continue, “les personnes handicapées vivent dans l’anticipation de défis inconnus et de difficultés à venir et, de cette prescience, elles tirent la capacité de trouver des lueurs d’espoir et de la joie dans cette mission. C’est excitant de trouver des solutions innovantes à la crise climatique, car cela signifie que nous avons le pouvoir de faire changer les choses, que nous prenons le problème en main nous-mêmes et que nous essayons de le résoudre.”

 

Suivez-moi sur LinkedIn.

Gus Alexiou

Je suis un journaliste spécialisé dans les problématiques entourant les personnes avec des handicaps physiques. Mon intérêt pour le sujet a commencé avec mon diagnostic d’une sclérose en plaques à l’âge de 26 ans.

Depuis, j’ai écrit sur la santé, la justice sociale et l’accessibilité pour différents journaux, tels que le Times, le Daily Mail, le Guardian, l’Independent et le Telegraph. Je suis très intéressé par les technologies d’amélioration de la vision et l’aide aux personnes malvoyantes par la reconnaissance vocale, les commandes vocales et l’IA.

J’ai également été directeur et administrateur de Shift.ms, un réseau social et forum mondial pour les personnes vivant avec une sclérose en plaques. En tant que journaliste, j’ai également écrit des biographies pour l’Asian Media Group[4]Groupe de Média Asiatique., et des SEO[5]Search Engine Optimization : Optimisation pour les moteurs de recherche. et du marketing de contenu pour Croud.

J’ai étudié l’histoire moderne à l’Université de Warwick et j’ai également travaillé à Exnperian et Google U.K.

References

References
1 CSIRO : “Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation”, Organisation de Recherche Scientifique et Industrielle du Commonwealth.
2 Research Institute for Disabled Consumers : Institut de Recherche pour les Consommateurs Handicapés.
3 Revue d’Innovation Sociale de Stanford.
4 Groupe de Média Asiatique.
5 Search Engine Optimization : Optimisation pour les moteurs de recherche.