Ce texte a été lu lors du rassemblement organisé par Act Up à Paris le dimanche 13 juin.


Je m’appelle Céline Extenso et je parle au nom des Dévalideuses, un collectif de femmes handi-féministes. Nous combattons le validisme ET le sexisme .

En tant que féministes, nous savons que l’autonomie financière est une première étape indispensable sur le chemin de l’émancipation.

Le droit d’ouvrir un compte bancaire seule, le droit de ne pas rester assignée au foyer, d’avoir un emploi et des ressources propres, représentent des victoires féministes essentielles.

Parce que la dépendance économique, en plus d’être une violence en soi, est aussi un outil insidieux de maintien des autres violences conjugales : physiques, sexuelles, psychologiques.

La solidarité financière est un concept patriarcal délétère, et nous espérons, à terme, voir la déconjugalisation de tous les minimas sociaux.

Mais en tant que militantes anti-validistes, nous sommes encore plus particulièrement touchées par ce sujet.

Parce qu’on sait que les femmes handicapées sont 4 fois plus souvent victimes de violences conjugales, il est criminel de les maintenir structurellement dans cette dépendance inextricable.

Parce que les foyers d’accueil d’urgence pour les femmes victimes de ces violences sont rarement prévus pour accueillir nos handicaps,

Parce que les logements de nos proches ne sont souvent pas accessibles, et parce que nous nécessitons parfois des soins compliqués à mettre en place,

Notre seule solution pour nous échapper est de trouver un nouveau logement où nous installer.

Mais sans ressources c’est impossible, et pour retrouver son droit à l’AAH il faut prouver qu’on vit déjà seule !

L’absurdité tue !

Enfin, pour les personnes handicapées, l’impossibilité de travailler est souvent un fait durable, voire définitif, ce qui fait de l’AAH un minima social un peu à part. Cette aide n’est pas un acte de charité, mais un droit non négociable.

Nous refusons de n’avoir, pour tout horizon, que le choix entre :

Vivre seules, indépendantes financièrement

Ou vivre à deux, mais dans la dépendance humiliante et la mise en danger.

Parce que l’État nous doit sécurité, nous exigeons la déconjugalisation de l’AAH !