Les Dévalideuses

Les Dévalideuses

Le collectif féministe qui démonte les idées reçues sur le handicap.

Thread twitter – Mon corps mon choix

Thread original – Posté dans le cadre de la journée du 23 novembre 2019, journée de manifestation contre les violences faites aux femmes #NousToutes

 

Parmi les slogans féministes, beaucoup font écho au handicap. Mais un tout particulièrement : « Mon corps, mon choix ! » Parce que nos corps et choix, on a un peu de mal à les faire respecter quand on est handicapée !

[Gif 2 femmes parlent "This is me. My body, my rules.]

[Gif 2 femmes parlent « This is me. My body, my rules.]

Attaquons-nous en premier au domaine concerné par ce slogan à l’origine : les choix et démarches concernant notre santé sexuelle. Ok c’est moyen disruptif ! Commençons par un scoop : les personnes handicapées peuvent avoir une vie sexuelle active ! [Gif Pikachu choqué]

Remettez-vous de cette nouvelle et étudions la première conséquence de cette réalité : nous pouvons comme n’importe quelle personne valide avoir besoin d’évoquer des problématiques liées à la sexualité. Et ça ne devrait être un problème pour aucun soignant de nous renseigner!

Mais comme être professionnel de santé n’a jamais empêché d’être validiste, tout ne coule pas de source ! En institution par exemple, tout sujet touchant à la sexualité des personnes suivies entraîne un sacré malaise, voire des pratiques inacceptables.

Lien : Quelle sexualité pour les personnes handi en institutions ?

Aller jusqu’à la camisole chimique pour inhiber les désirs, inciter fortement à l’abstinence de personnes déjà fragilisées par l’institutionnalisation et les priver ainsi de leur libre arbitre est assez glaçant. C’est un refus pur et simple de la réalité par ces soignants.

Mais même hors les murs, difficile pour une femme handicapée de parler avec son médecin ou sa sage-femme de sa santé sexuelle. Contraception, accès à l’IVG, projet de parentalité, tout est questionné et jugé sans relâche ni raison médicale

Lien : Être mère quand on est handicapée : un acte subversif

Tout ce joyeux bordel a des conséquences directes sur l’accès des femmes handicapées à des soins adaptés : comment accéder à une IVG, légale en France dans un délai assez restreint (14 semaines d’aménorrhée), si le simple fait d’être enceinte laisse les professionnels démunis ?

Le suivi d’une grossesse va être tendu si les soignants bloquent sur le fait qu’on a grimpé aux rideaux et se demandent comment, pourquoi ? (Spoiler, nos pratiques tiennent rarement du kama sutra, au moins pour le handicap moteur !) [Gif couple d’accrobates]

Quant au projet de parentalité qui reçoit parfois des réactions infantilisantes sur la fatigue et les contraintes que posent un bébé, croyez bien qu’étant habituées à vivre H24 avec notre handicap et à compenser, on y a réfléchi. Merci de ne pas nous prendre pour des quiches !

Mais « Mon corps, mon choix » ça ne vaut pas que pour la sexualité les gens ! Merci de respecter aussi notre envie ou non d’être touchées. Les papouilles, c’est mignon avec un chiot, pas avec une personne handi (sauf accord hein ! Là nous on s’en mêle pas) [Gif papouilles ]

Déjà parce que vous apprécieriez peu vous-mêmes que quelqu’un se mette à vous caresser/pincer les joues sans raison valable. Bah devinez quoi ? Nous pareil ! Ensuite, parce que vous pouvez accidentellement générer des douleurs/stress liés à notre état physique ou psychique.

Pour exemple, en cas de troubles de la proprioception, le simple fait d’effleurer certaines parties du corps peut faire extrêmement mal. Idem pour les personnes en surcharge sensorielle (autisme, hypervigilance…) qui peuvent vraiment très mal gérer ces contacts non souhaités.

Enfin sans parler du contact physique direct, tout ce qui relève du conseil sans doute bien intentionné mais très inadéquat, type « dépasser ses limites », « faire du sport », « essayer le yoga/la méditation/les fleurs de Bach… » quand on ne vous demande rien, c’est NO WAY. [Gif CHUT]

Nos limites, on est les mieux placées pour les connaître, parce que devinez quoi ? On doit composer avec h24. Côté remèdes « miracle », dites-vous qu’on ne vous a pas attendus pour tester des trucs parfois plus ou moins dangereux d’ailleurs ! (Pseudo-médecines bonjour !)

D’ailleurs côté médecine tout court, on a souvent aussi l’impression que notre corps vous appartient plus qu’à nous ! On nous manipule, on nous prescrit des traitements, on parle de nous à la 3ème personne. Ça vous dirait, parfois, de nous demander notre avis ?

Parce qu’il ne s’agit pas que de nos corps mais de NOS VIES ! Nos vies vous les connaissez bien peu, et c’est normal. Mais nous on se connaît par coeur, alors acceptez de nous laisser un peu les commandes sur ce que vous ne maîtrisez pas. (Je sais, c’est dur)

D’ailleurs parlons-en, de nos corps. Peut-être qu’ils nous plaisent comme ils sont, nos corps ? Oui, très sincèrement ! On a une longue histoire, nos corps et nous, ça crée des liens. Tordus, lacunaires, dysfonctionnels, exubérants, oui, on s’aime ! [Gif Cher dit « I’m amazing »]

 

Bien sûr que tout n’est pas rose. Il y a les douleurs, les complications et les empêchements. Alors soignez ce qui nous pèse, mais bon sang, arrêtez de vouloir à tout prix nous « réparer » ! Hé non, ressembler à tout prix à un.e valide n’est vraiment pas notre ambition !

Bref, nous sommes capables de gérer notre vie : amis valides, nous ne vous demandons pas de jouer les parents bienveillants mais de réaliser que nous avons tout autant que vous des projets et des attentes légitimes. Facilitez plutôt notre autonomie. Notre corps, notre choix !