De l’activisme pour demander aux artistes de changer les paroles de leurs chansons à la célébrité : la détermination à faire changer les choses d’Hannah Diviney sera maintenant visible sur les écrans de millions d’Australiens.

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Publié le 21 février 2023 à 6:30, par Rayane Tamer et David Aidone. Source: SBS News. Crédit photo d’en-tête : Screen Australia / Instagram d’Hannah

Texte original. 

Traduit au féminin générique par ClemZ pour les Dévalideuses.

 

Hannah Diviney est à la fois déconcertée et impressionnée du chemin qu’elle a parcouru et du carrefour inattendu auquel elle est arrivée dans sa carrière.

À 23 ans, la militante australienne pour les droits  des personnes handicapées a inversé les rôles et c’est elle qui se retrouve sur les écrans après avoir annoncé qu’elle avait été engagée pour son premier long-métrage.

“[On dirait] que je suis arrivée sur Mars par erreur. Qu’est-ce que je fais ici?” dit-elle.

La jeune femme s’est retrouvée sous les projecteurs internationaux l’année dernière quand elle a critiqué certaines des plus grandes stars mondiales sur les paroles de leurs chansons qu’elle qualifiait de validistes – et elle a été écoutée.

Mme Diviney, qui vit avec une diplégie spastique, a souligné qu’il était problématique que des artistes tels que Lizzo, Beyoncé et Eminem utilisent le terme “spaz”[1]Spaz (raccourcissement de “spastique”)  : insulte validiste anglo-saxonne pour qualifier une personne manquant de contrôle, de son corps et/ou de ses émotions, ou encore inepte.   dans leurs chansons.

En juin [2022], Lizzo a pris en compte ses critiques et s’est excusée pour ses paroles. Par ailleurs, en août, après la sortie de l’album Renaissance de Beyoncé, Mme Diviney a exprimé publiquement sa déception que ce terme soit utilisé dans l’album et il a été par la suite retiré d’une chanson.

Le long métrage de 100 minutes dans lequel Hannah Diviney va tourner, Audrey, a été annoncé le lundi 20 février 2023 par Screen Australia. C’est une comédie dramatique qui suit la mère d’une famille fragmentée de deux filles, dont l’une est jouée par Mme Diviney.

Après un accident qui plonge Audrey, la sœur aînée, dans le coma, la dynamique familiale est mise à l’épreuve.

 

Une scène dans une salle à manger. AU tout premier plan et flou, une personne vue de dos. Le centre de la photographie est deux personnes en fauteuil roulant regardant la personne de dos. Le premier est un homme blanc aux cheveux bruns. Il porte un jean bleu, un t-shirt à manche longue jaune avec une bande verte au centre et un col blanc. Il rit en regardant la personne au premier plan et semble pointer du doigt la deuxième personne. C'est une femme blanche (Hannah Diviney) aux cheveux bruns. Elle porte un t-shirt à manches longues rose et à boutons, un jean et des baskets jaunes à lacets blancs. Son expression faciale est possiblement une d'agacement. Un canapé vert se trouve derrières ces deux personnages.

Hannah Diviney est la première femme handicapée à jouer dans une scène de sexe à la télévision australienne, dans la série télé Latecomers de SBS. Source : SBS News / Renata Dominik

 

Son premier contact avec la célébrité sur les écrans a eu lieu l’année dernière, suite à la diffusion de la série télévisée de SBS, Latecomers. Cette série a fait de Mme Diviney la première femme handicapée à tourner dans une scène de sexe en Australie.

Une étude réalisée en 2016 par Screen Australia montrait que, bien que 20% des Australiennes vivent avec un/des handicap/s, seules 4% des personnages à la télévision australienne reflétaient cette réalité.

[Hannah Diviney] affirme que davantage de représentation des personnes handicapées est cruciale, car elle a grandi sans celle-ci.

“La représentation, c’est important, pas seulement pour les personnes qui se voient enfin représentées, mais aussi pour montrer à tout le monde que le handicap n’est pas une chose dont on doit avoir peur” dit-elle.

‘Ce n’est pas quelque chose auquel on doit tourner le dos, que l’on doit mentionner à voix basse, ou faire semblant que ça n’existe pas, ou dans l’autre extrême, le considérer comme une source d’inspiration”.

Hannah Diviney, pose devant une affiche indiquant "Women of the future" de Women's Weekly 2021. Elle est assisre dans un fauteuil roulant électrique. Elle porte une roble blanche avec des fleurs roses. On peut voir un sac en crocher marron et orange accroché à son fauteuil. Elle fait un grand sourire à la caméra, ses cheveux sont détachés et elle porte des boucles d'oreille. Hannah Diviney est une militante australienne pour les droits des personnes handicapées, vivant avec une diplégie spastique. Source : Site internet d’Hannah Diviney

 

Tout en étant fière de l’augmentation de la diversité sur les écrans et des actions prises par les managers pour s’assurer que les rôles destinés à des personnes comme elle ne soient pas donnés à des personnes valides, Mme Diviney espère que dans le futur, le handicap d’une actrice ne définisse pas les rôles qu’elle joue à la télévision.

“J’aimerais beaucoup atteindre un point où, si je devais jouer un personnage, le handicap ne serait pas le cœur de son scénario, ou que je ne sois pas résumée à ça” dit-elle.

“J’aimerais beaucoup jouer des personnages dont les histoires sont plus nuancées et où je pourrais être autre chose que la fille handicapée”.

Audrey est l’un des neuf projets auxquels Screen Australia a alloué plus de 7,4 millions de dollars de budget de création, en association avec Screen Queensland et le soutien du Festival International du Film de Melbourne.

Le film doit sortir plus tard cette année.

 

 

 

References

References
1 Spaz (raccourcissement de “spastique”)  : insulte validiste anglo-saxonne pour qualifier une personne manquant de contrôle, de son corps et/ou de ses émotions, ou encore inepte.